Une journée dans des classes « Montessori »

Mardi, j’ai profité de mes derniers jours d’arrêt, et du fait que j’aille mieux, pour passer la journée dans les classes
de 2 collègues qui enseignent en « presque tout Montessori » dans l’Education Nationale.

Évidemment, je tairai leur nom et celui de leur école, mais je les remercie encore pour leur accueil !!

Elles ont donc une classe de PS/MS et GS/CP.
J’ai passé un peu plus de temps dans la classe des petits puisque cela correspond à mon propre niveau !

Voici quelques moments forts de la journée !


 * * * * * * *

 

Le matériel mais pas que …. :

Quand on parle « Montessori », la plupart des gens pensent « ateliers autonomes » ou « ateliers de manipulation », or le matériel Montessori est très différent de ce que vous pouvez, par exemple, trouver sur ce blog.
Pour de plus amples renseignements, je vous propose de vous retrouver l’année prochaine sur ti’loustics

Mais la pédagogie Montessori ne se résume pas à ce formidable matériel ! Les fondements de cette pédagogie sont le respect du rythme de l’enfant et de ses capacités. Dans les classes que j’ai observées mardi, les enfants avançaient à leur rythme, selon leurs envies et leurs besoins, mais toujours dans un cadre et un suivi précis de l’enseignante.

Ce qui est souvent reproché à la pédagogie Montessori est que les enfants font ce qu’ils veulent….or ce n’est pas si simple. Les maitresses avaient un cahier où elles indiquaient les présentations qu’elles avaient faites à chaque enfant et pouvaient ainsi programmer les présentations à venir.

Par exemple, la maitresse a présenté à une enfant de PS l’escalier des perles jusqu’à 4 parce qu’elle maitrisait les barres numériques jusqu’à 4. La maitresse a explicité le lien entre les 2 ateliers et a bien insisté pour que cette enfant ne dépasse pas les perles jaunes jusqu’à 4. Cette élève pourrait donc refaire cet atelier quand elle le souhaiterait mais dans un cadre précis : ne pas dépasser 4. Je peux vous dire que la petite était très attirée par la barre de 10 perles dorées (lol) mais elle n’a pas cherché à aller contre les recommandations de la maitresse.

Les enfants avancent donc selon leurs envies, mais toujours en suivant une progression et dans un cadre précis mis en place par la maitresse.


Le climat de la classe :

Ce qui m’a frappé quand je suis rentrée dans les classes est le calme qui y régnait. Les enfants étaient au travail, parlait entre eux mais à voix modérée….et les maitresses parlaient toujours lentement et calmement. Sur toute la journée, je crois ne pas avoir entendu les maitresses interdire quelque chose, mais elles ont toujours amené l’enfant à faire ce qu’il devait en formulant des phrases positives.

Un petit exemple qui m’a frappé. Un enfant a marché sur un coussin qui trainait par terre.
> Qu’est-ce que, moi, j’aurais dit : « Non, ne marche pas sur ce coussin et va le ranger s’il te plait »
> Ce que la maitresse a dit : « Si ce coussin te gène au milieu du passage, plutôt que de marcher dessus, je préférerais que tu ailles le ranger à sa place »
…. et l’enfant a ramassé le coussin qu’il a rangé sans aucune protestation.

Donc, la pédagogie Montessori, c’est aussi ça : le calme, le respect, la bienveillance, et le positif !!

 

Les regroupements :

Dans la classe de PS/MS, il n’y a pas regroupement collectif imposé. La maitresse peut évidemment proposer de regrouper les enfants pour travailler ensemble sur un thème (mardi c’était les métiers de la montagne) mais les enfants ne sont pas obligés de participer. Ceux qui le souhaitent s’assoient sur la ligne au sol (ellipse) et savent qu’ils doivent rester calmes et participer sans s’agiter. S’ils ne veulent pas participer, dans ce cas, ils restent sur leur atelier en faisant le moins de bruit possible pour ne pas gêner le groupe.

Bien sûr, certains d’entre vous doivent se dire que c’est un peu facile pour les enfants et qu’aucun ne voudra venir. Eh bien, détrompez-vous!  Presque tous les enfants sont venus et se sont regroupés pour travailler avec la maitresse. Si on laisse le choix aux enfants, ce n’est pas pour qu’ils ne fassent rien, c’est pour qu’ils développent leur motivation interne. De nos jours, les enfants sont obligés de faire tout un tas de choses et finissent pas ne plus avoir envie de travailler (entre autre) pour le simple plaisir d’apprendre et de progresser.

 

L’art visuel :

Dans la classe des PS/MS dans laquelle je suis restée plus longtemps, il n’y avait pas d’ateliers tournants. Pour autant, les enfants font quand même de l’art visuel, mais d’une autre manière !
Dans un coin de la classe se trouve un chevalet avec une palette, un pinceau et 4 petits flacons remplis des 4 couleurs principales (jaune, rouge, bleu, blanc). Il y a donc une place pour un seul enfant qui, quand il le souhaite (et que la place est libre) va prendre un tablier et une grande feuille qu’il va scotcher sur le chevalet….. avec l’aide de l’astem qui reste toujours vigilante quand même ! Ensuite il prend la palette, y met ses couleurs et fait son dessin comme il l’entend. Les enfants peuvent peindre, mélanger, tester, utiliser des outils s’ils le souhaitent. J’ai été impressionnée de voir des enfants peindre avec application, regarder leur dessin avant de choisir quelle couleur ajouter ! Bref, épatant !
Et ensuite ?? Une fois que l’enfant considère avoir fini son dessin, il se dirige vers le point d’eau à proximité, lave sa palette et son pinceau qu’il remet à leur place, enlève son dessin qu’il donne à l’atsem pour le faire sécher puis….il prend une petite éponge et nettoie la peinture qui a débordé sur le chevalet. Quand l’enfant s’en va, sa place est propre et un autre enfant peut prendre sa place ! Impressionnant !

A noter qu’un autre bureau, un peu plus loin, est prévu pour des productions un peu plus dirigées. Chaque semaine, un modèle de production plastique (collage/peinture etc …) est proposé avec tout le matériel nécessaire. Là encore, 1 enfant peut choisir de venir faire la production proposée.

Je me suis inquiétée de la possibilité que certains enfants ne veuillent jamais faire de production plastique. Evidemment, l’enseignante et l’atsem m’ont rassurée sur ce point. C’est rare que les enfants n’aient pas envie de venir faire la production…..puis elles ont ajouté que si cela arrivait, eh bien, tant pis ! Si un enfant ne fait pas la production de la semaine, ce n’est pas grave, il aura fait plein d’autres choses à la place. Tout le monde n’est pas forcé de faire exactement la même chose tout au long de l’année !

Décidément, j’adore cette philosophie …. et cette liberté de grandir !!


Les compétences :

Ce qui m’a encore bluffé est le niveau des enfants. J’ai vu des enfants de MS qui commençaient à déchiffrer des mots simples grâce aux lettres rugueuses, à écrire des petits mots avec les lettres mobiles ou à décomposer le nombre 10 en additions grâce aux barres numériques.
Bien sûr, il ne faut pas faire une généralité, tous n’en n’étaient pas capables, mais au moins ils avaient la liberté d’avancer dans ces matières s’ils en avaient les capacités ou l’envie. J’adore !!


L’autonomie :

Une chose encore qui m’a impressionnée est l’autonomie des enfants, même les plus petits. J’ai vu des enfants de PS/MS se déplacer dans la classe avec des pichets d’eau, des seaux d’eau dans lesquels ils avaient vidé l’eau de leur atelier, nettoyer une table ou se servir seuls à boire avec une bouteille remplie d’eau.
Je ne vous cache pas que mon atsem était catastrophée en début d’année quand mes petits utilisaient l’eau dans ma classe. J’avais fini par leur demander de ne plus le faire. Et pourtant, j’ai vu que c’est complètement possible de laisser des enfants être autonomes et utiliser des choses « salissantes » sans qu’il y ait forcément des débordements…. Génial !


L’ATSEM :

J’ai pu prendre un peu de temps pour bavarder avec l’ATSEM afin d’avoir son ressenti. Je voulais savoir si, après avoir travaillé de manière traditionnelle pendant presque toute sa carrière, elle avait réussi à trouver ses marques et à accepter ce fonctionnement. Elle a reconnu que les débuts avaient été difficiles, qu’elle avait eu du mal à trouver sa place puisqu’il n’y avait plus d’ateliers tournants, plus de matériel à découper, de fiches à coller….mais que maintenant, après 2 ou 3 ans d’un tel fonctionnement, elle ne voudrait plus du tout revenir en arrière. Elle reconnait qu’avec ce fonctionnement, elle peut cerner plus facilement chaque enfant, voir ses progrès, ses besoins et les voir s’épanouir ….
Ce témoignage a été un grand moment d’espoir pour moi, alors merci à elle !!!

* * * * * * *

 Bon…je crois que je n’ai jamais fait un article aussi long, alors je vais m’arrêter…. winktongue

….mais si vous avez réussi à me lire jusque là, sachez que je suis vraiment convaincue
par la pédagogie Montessori et par ce que j’ai vu dans ces classes.
Bien sûr, pour en arriver là, les maitresses sont d’abord passées par des moments difficiles,
par du temps de réflexions, voire de formation…

mais en tout cas, c’est possible !!

 

Laisser un commentaire